La Trésorerie


Le Trésorier d’entreprise, nouveau stratège

Vincent Bouquet Le 05/06/2015 à 06:30

 Plus de 80 % des trésoriers d’entreprise dans le monde s’orientent vers un modèle de prise de décision centralisée sur les aspects stratégiques.

 Cantonné avant la crise économique à un rôle d’assistance, le trésorier voit peu à peu sa mission évoluer pour rejoindre le cœur de la stratégie financière de l’entreprise.

Depuis quelques temps, le trésorier d’entreprise n’est plus le même. A en croire une enquête (1) BNP Paribas et Boston Consulting Group (BCG), son rôle s’est développé pour devenir plus stratégique. «Ce qui était considéré avant la crise financière comme un rôle dassistance a clairement évolué vers un poste d’une importance significative centré sur la stratégie, le mandat du trésorier englobant désormais une responsabilité complète du bilan, assure Jacques Levet, head of transaction banking EMEA chez BNP Paribas. En Europe notamment, plus des deux tiers des trésoriers sont désormais impliqués dans la gestion des risques financiers et de couverture, ainsi que dans la gestion de la dette et du financement, qui viennent respectivement en second et troisième lieu après la gestion de la trésorerie».

Une extension du champ d’activité qui suppose la mise en place de nouvelles façons de travailler. Et cela passe notamment, selon le rapport, par une plus grande centralisation des activités. «Plus de 80 % des trésoriers dentreprise dans le monde s’orientent vers un modèle de prise de décision centralisée sur les aspects stratégiques», note l’étude. Le but ? Améliorer l’efficacité, la visibilité et le contrôle opérationnel. 

Garant des exigences de conformité

Dans ce contexte, les trésoriers d’entreprise revoient aussi leurs priorités. En tête : la réduction des coûts, de la complexité des processus et des tâches administratives exigeant une main d’œuvre importante. Suivent la gestion du risque et la visibilité de la trésorerie, mais également l’efficience des processus sur lesquels les trésoriers d’entreprise gardent un œil attentif. 

Mais il y a plus. Face aux contrôles de plus en plus drastiques des régulateurs, les trésoriers d’entreprise ont aussi leur carte à jouer en tant que garants des exigences de conformité. «Ils doivent respecter les nouvelles exigences règlementaires concernant la nécessité de "connaître son client" et les dispositions anti-blanchiment», souligne l’étude. Un défi de taille pour les années à venir. 

(1) – Le rapport «Corporate Treasury Insights 2015» a été élaboré sur la base dune enquête réalisée auprès de 500 trésoriers dentreprise et directeurs financiers dorganisations multinationales dont les revenus consolidés annuels dépassent 500 millions de dollars. L’enquête a été menée par Expand Recherche (une filiale en propriété exclusive de BCG) pour BNP Paribas et le BCG. 

En savoir plus

Etude BNP Paribas et Boston Consulting Group : les trésoriers d’entreprise à l’affût de services personnalisés encore plus sécurisés 

Une nouvelle étude de BNP Paribas et Boston Consulting Group révèle que les trésoriers d’entreprise sont fortement attachés à la recherche de services optimisés et plus personnalisés de la part des banques de flux; celles-ci doivent notamment tenir compte d’un environnement plus difficile, générant de nouveaux risques. 

Selon un nouveau rapport publié aujourd'hui par BNP Paribas et le Boston Consulting Group (BCG), les trésoriers d’entreprise attendent de leurs banques de flux qu’elles contribuent davantage à l’amélioration de leur efficacité opérationnelle et qu’elles leur proposent une approche plus personnalisée pour les aider à  gérer leurs risques et s’adapter  aux nouvelles contraintes de leur secteur d'activité. 

Sur la base d’une enquête réalisée auprès de 750 trésoriers et directeurs financiers d’entreprises internationales, ce rapport intitulé Corporate Treasury Insights 2016 révèle que les trésoriers d’entreprise sont particulièrement attentifs aux questions de sécurité, de transparence, de gestion de la liquidité dans un environnement de taux faibles et de lutte contre de nouveaux risques durables, tels que la cyber criminalité et la fraude.  Dans ce contexte, les trésoriers sont manifestement à la recherche de banques de flux capables de les accompagner tout au long de leur cycle de vie et d’être un partenaire de confiance offrant des solutions d’analyse de données sur-mesure. 

Le prix et le service l’emportent sur le produit

Dans un contexte d’incertitude des marchés et de plus grande complexité l’opérationnelle, l’enquête met en évidence le fait que les trésoriers s’attachent moins à la sophistication des produits proposés par une banque de flux qu’à une solution prévisible, fiable alliée à une excellente capacité. Ainsi, la qualité du service et le prix sont les deux critères principaux retenus par les trésoriers (60% et 70 % respectivement) dans leur choix de banque de flux. 

Jacques Levet, responsable du pôle Transaction Banking dans la zone EMEA chez BNP Paribas, déclare : « L'écosystème de la trésorerie d’entreprise se diversifie constamment et les solutions bancaires deviennent maintenant de plus en plus standardisées. Par conséquent, au lieu de doter sans cesse leurs produits de nouvelles fonctionnalités, les banques cherchent à se différencier en axant leurs efforts sur l’amélioration de l’expérience client et des niveaux de sécurité. » 

Des trésoriers à la recherche de plateformes indépendantes et flexibles

Selon les trésoriers interrogés, il est de plus en plus important de disposer à la fois d'une vision consolidée de leur  positions financières et de liquidité et d’un reporting détaillé tout en assurant une cohérence entre les différents sites géographiques. Ils s’attendent par conséquent à ce que la banque de flux leur propose une plateforme unique qui regrouperait différents produits tels que la gestion des flux de trésorerie, négoce international, la gestion du fonds de roulement et la couverture des expositions aux devises. Néanmoins, ils ne souhaitent pas se sentir liés à un dispositif unique : 60 % des trésoriers considèrent que l’outil idéal est totalement indépendant d’un établissement bancaire, ce qui est déjà une réalité pour 45 % d’entre eux. 

Yann Sénant, Directeur Associé au bureau de Paris du BCG, indique : « Les trésoriers ont le sentiment que les plateformes fermées sont intrusives et introduisent un degré de contrainte. Ils recherchent au contraire une offre intégrée multi-banques, gage de neutralité. » 

Des modèles de services appelés à évoluer

Si l’adoption de logiciels de gestion de trésorerie n’est pas une tendance nouvelle, les applications mobiles dédiées ont fait leur apparition cette année auprès de plusieurs grandes sociétés d’Amérique du Nord. Afin de les accompagner dans un environnement opérationnel de plus en plus complexe, les trésoriers souhaitent que leur banque de flux leur propose des plateformes intégrées et simples d’utilisation, mais aussi des services personnalisés et des conseils sur-mesure et ciblés, reposant sur des analyses de données adaptées  (data-driven). 

Yann Sénant, Directeur Associé au bureau de Paris du BCG, poursuit : « Les trésoriers conservent une certaine frustration devant des processus bancaires de plus en plus complexes. Ils attendent des banques qu’elles contribuent à simplifier leurs tâches administratives, en particulier pour ce qui a trait aux procédures de conformité, et qu’elles les fassent bénéficier d'une expérience utilisateur rapide, simple et agréable. » 

Pour différencier leurs modèles de services, les banques ont quatre possibilités : 

  • Orchestrer l’écosystème de la trésorerie : en faisant le choix d’une architecture ouverte, les banques joueraient un rôle de coordinateur global en mettant à disposition de leurs clients une interface unique ouverte à des contributeurs tiers. Pour cela, les banques devront utiliser des données standardisées afin d’être capable de générer rapidement des analyses pour chaque client. 
  • Offrir un service sur-mesure et efficace reposant sur des solutions technologiques et accessibles via différents canaux : les banques doivent pouvoir fournir aux trésoriers un meilleur niveau de visibilité et de traçabilité de leurs sites géographiques, des indicateurs de performance standardisés et des communications plus fréquentes et plus pertinentes. 
  • Offrir une expertise supérieure en matière de conseil et de gestion des risques :

ü  De nombreux trésoriers considèrent que les banques représentent une référence absolue en matière de qualité des systèmes informatiques étant donné le degré d’exigence applicable à la sécurité de leurs propres activités. 

ü  Plus de 50% des répondants ont désigné les banques comme étant leur prestataire privilégié en ce qui concerne les mesures d’atténuation des risques traditionnelles, comme les mécanismes de suivi du trafic réseau et des transactions ou encore la formation du personnel. 

ü  De plus, 20 % à 40 % d’entre eux déclarent qu’ils envisageraient de recourir à des solutions bancaires pour leurs besoins de trésorerie entièrement informatisés. C’est dans le domaine de la cyber-sécurité, première source de risque aux yeux de trésoriers, à égalité avec le risque de marché et de contrepartie, que les banques sont considérées comme les plus légitimes. En effet, 45 % des sondés déclarent qu’ils s’adresseraient à des banques pour ce type de service. 

  • Améliorer l’expérience utilisateur avec des fonctionnalités numériques et analytiques sur-mesure : les trésoriers souhaitent que les banques soient en mesure d’analyser et d’interpréter leurs données afin d’améliorer la veille de marché, une capacité qui serait particulièrement appréciée dans les grandes multinationales. 

Pour répondre à ces niveaux croissants d’exigences, les banques doivent d’abord chercher à faire bénéficier leurs clients de solutions de trésorerie rationalisées et transparentes, dans le cadre d'une expérience client digitalisée et conviviale. 

Jacques Levet, Head of Transaction Banking EMEA chez BNP Paribas, conclut : « Aux banques d’imaginer des offres commerciales articulées autour de leurs cœurs d’expertise, en particulier dans des domaines tels que la gestion des risques et la cyber-sécurité, ce qui leur permettra d’offrir une assistance très appréciée. De plus, les banques doivent être flexibles et envisager des partenariats stratégiques avec des fintechs, voire d'autres prestataires le cas échéant, et privilégier la collaboration à l’internalisation de certains services : une démarche qui aboutira à davantage de valeur ajoutée pour leurs clients. 

Notes aux éditeurs

Méthodologie

Ce rapport a été élaboré sur la base d'une enquête exclusive à travers de nombreux secteurs d’activité auprès de 750 trésoriers et directeurs financiers d'entreprises internationales présentant un revenu annuel consolidé supérieur à $500 millions. L'enquête a été menée par Expand Recherche (une filiale en propriété exclusive de BCG) pour BNP Paribas et le BCG. L'étude comprend également des entretiens avec 25 trésoriers et directeurs financiers d'organisations multinationales. Cette deuxième édition du rapport Corporate Insights Treasury est enrichie de deux nouveaux thèmes particulièrement importants aux yeux des personnes interrogées : la cyber-sécurité et les fonctions analytiques avancées.

 

 



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